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Vivre l’histoire, mais pas comme on le pensait…

J’ai été affecté à la couverture de la campagne électorale pour l’Agence France-Presse. D’abord, un petit tour en matinée du côté de l’Assomption, question de faire des photos du chef de la C.A.Q., François Legault.  Puis en soirée, couverture du couronnement de la première ministre du Québec Mme Pauline Marois.

Je savais que cette soirée serait historique, cependant j’étais loin de me douter que l’histoire s’écrirait de cette façon. Pour ceux qui ne sont pas au courant, un individu armé a fait feu et a mis le feu aux alentours du Metropolis, tuant sur le coup 1 technicien et blessant gravement un autre. Ce dernier essayait de rejoindre Mme Marois afin de la féliciter personnellement j’imagine.

Bref, la soirée s’annonçait fébrile en émotions, le Métropolis était bondé de gens et de médias qui avaient envahi la petite salle de spectacle, en étant certains qu’on assisterait à l’écriture de l’histoire en direct. De mon côté, bien placé sur une plate forme au centre de la salle, je pouvais suivre l’action devant moi.

Mme Marois a fait son entrée, un peu long, mais les gens tenaient vraiment à la féliciter, moment qu’elle a également apprécié j’imagine vu le nombre de pogné de mains et de sourires vus sur place.  Elle a par la suite débuté son discours, seule, au centre de la scène.  Drapeaux et cris de joie abondaient généreusement le Métropolis, personne ne se doutait de ce qui suivrait.

Alors que première ministre continuait son discours, des agents de sécurité sont venus la cherché afin de la mettre à l’abri.  Pour moi et les autres collègues photographes, ce moment fut assez bizarre, car étant donné que les drapeaux se faisaient aller, ça nous a pris un certain moment pour bien voir et comprendre ce qui se passait sur la scène. Rapidement une odeur de bruler envahi le Metropolis, les gens ont commencé à quitter suite aux demandes de la première Ministre, cependant le tout se faisait dans la cacophonie, personne ne savait ce qui se passait.  Alors que Mme Marois était revenue sur scène, les premières images de l’attentat commencent à circuler.

Étant le seul photographe pour l’AFP, j’ai pris la décision de rester à l’intérieur et de continuer de couvrir Mme Marois.  Quelques photographes sont sortis à l’extérieur de la salle, cependant ils n’ont pas pu revenir à l’intérieur, et ce malgré le fait que leur équipement et ordinateur soient resté au Métropolis. De mon côté, j’ai transmis toutes les photos de l’évènement et j’ai décidé par la suite de quitter et faire quelques photos de l’ambiance qui régnait autour du lieu du crime. Par chance, un collègue photographe, Jean François Lemire, était à l’extérieur et a réussi à faire des photos de l’incendie et des armes que l’individu transportait. Ces photos ont été envoyées à l’agence afin de compléter le reportage de la soirée.

Au moment d’écrire ces lignes, j’ai une pensée pour mon ex-Colègue Martin Bouffard de Radio Canada, qui a été d’un calme exemplaire et a eu des images exclusives de l’attentat.  Savoir faire de la photo-vidéo c’est une chose, mais maitriser ses émotions durant un tel évènement ce n’est pas donné à tout le monde.  Une autre pensée va bien sûr aux 2 victimes, une qui est malheureusement décédée, de simples techniciens, qui étaient là et ne faisaient que leur travail. Ça aurait pu être moi, un collègue photographe ou quelqu’un d’autre.  Finalement, une pensée pour la première ministre du Québec, qui voit le début de son mandat entaché par un triste incident alors que cette soirée était déjà assez riche en émotions, on n’avait pas besoin d’un attentat en plus…

Bref une journée très remplie, beaucoup d’émotions, une page d’histoire s’est écrit, pas comme les gens le souhaitaient, néanmoins on ne peut plus la changer…

 

* Photo incendie et armes à feux, Crédit Jean-François Lemire www.jeanfrancoislemire.com

3 Responses to “Vivre l’histoire, mais pas comme on le pensait…”

  1. Est-ce juste moi ou Pauline Marois ne semblait pas vouloir partir quand la SQ a bondi sur scène?

  2. Jonathan says:

    Il y a seulement un technicien de mort, l’autre est gravement blessé . Et tout ça avec une seule balle ! Comme la balle a traversé son corps, Dave Courage doit subir une opération pour que soient retirés des débris logés près de sa colonne vertébrale. Imagine, si son arme ne ce serait pas enrayé !

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