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Comment perdre 20 livres en 7 jours


PARTIE 1
Mercredi dernier, j’ai ressenti une douleur au bas du corps, pour reprendre l’expression de notre coach Jacques « définitivement » Martin. En fait, j’avais des douleurs atroces au ventre causées par ce que je croyais être une intoxication alimentaire. Une autre, la cinquième en un an. Suivant la méthode précédente, j’avais cru que le temps finirait par arranger les choses…
Jeudi, les douleurs se faisant de plus en plus douloureuses, la famille et les amis qui se faisaient du souci pour moi par-dessus le marché, j’ai cru bon d’aller attendre un petit huit heures à l’urgence de l’hôpital St-Mary’s, située à quelques pas de chez moi. Après avoir passé quelques tests (échos, sang et pipi), on me renvoie chez moi afin d’y revenir le lendemain pour faire un CT scan, histoire de voir où est le bobo dans le ventre. À la maison, c’était l’enfer. Pas capable de dormir, pas capable de me positionner de manière moindrement confortable, et ce, d’aucune façon, sans même mentionner la douleur qui ne faisait qu’empirer, tellement que j’avais juste hâte à une chose, retourner à l’urgence…
Une fois le test fait, on me donne deux tylenols et on me place dans la salle d’attente aux urgences. Il était seulement 11 h et déjà la journée s’annonçait très longue. Si bien qu’une fois l’effet des tylenols estompé, la douleur a empiré dû à l’ingestion du litre d’eau médicale pour le test de tomodensitométrie. À 15 h, je ne tenais plus en place. La douleur était si intense que j’avais l’impression qu’on me rentrait un couteau dans l’abdomen et qu’on s’amusait à me déchiqueter de gauche à droite en permanence. Je tenais mon ventre pendant que mes pieds faisaient des solos de claquette sous l’acide. C’est simple, j’avais l’air de Dustin Hoffman dans Rain Man avec mes mouvements continuels de va-et-vient. Tout le monde aux urgences savait que je souffrais le martyre, car contrairement à eux, je n’avais pas apporté The Secret à lire ou encore une PSP afin de passer les temps. Ma conjointe à mes côtés a tout fait pour m’aider, mais les infirmières ne semblaient pas comprendre la situation. Pour elles, deux tylenols en deux heures c’était : no fucking way…
Pour la suite, je vais tenter de vous expliquer ce qui s’est passé le plus fidèlement possible, car tout n’est pas clair dans ma tête… En effet, je me suis levé et j’ai dit à ma femme que je partirais à la maison afin de me prescrire moi-même un antidouleur, car j’étais vraiment à bout. Étant debout, j’ai commencé à voir des points blancs partout, à faire de l’hyperventilation pour finalement avoir les bras, la tête et les oreilles engourdis. Assez qu’à ce moment précis, il y en a une qui a finalement cliqué et on me plaça aux urgences sur une civière avec de la morphine. God bless la morphine, by the way…
Le peu de temps que j’ai été couché sur une civière aux urgences m’a permis comprendre comment fonctionnait le système de santé. En fait, si tu veux passer avant tout le monde, tu n’as qu’à te pointer en ambulance. C’est un peu le principe du public-privé. Les gens à l’urgence se disent que si t’es prêt à payer 150 $ pour venir à l’hôpital, c’est que tu as un GROS problème. Comme ce jeune garçon qui est venu avec sa maman parce qu’il avait mal à un testicule !!! Câlisse ! Ou encore, les policiers qui ramènent un jeune homme arrêté pour vol à l’étalage, qui, au dire des policiers, s’est mis à tousser et à mal filer, quand il a appris qu’il allait passer la fin de semaine en cellule… « Soyez sans crainte », dit le policier à l’infirmière. « On sait qu’il fait semblant, c’est pas la première fois qu’il fait ça… » Pendant ce temps, je suis là à comprendre pour qu’elle raison je n’arrivais pas à avoir une infirmière prête à me donner mes bonbons magiques que je souhaitais tant. Bref, la morale de l’histoire c’est que si vous voulez passer avant tout le monde, venez à l’hôpital en ambulance ou avec les policiers…
PARTIE 2
Placé dans une superbe chambre avec vue sur Malcom, mon voisin de droite âgé de 70 ans, j’étais toujours plié en deux alors que les effets de la morphine s’estompaient. « M. Barbosa, on va vous donner de la morphine aux quatre heures, mais pas avant ça », me dit l’infirmière. Après une heure et 50 minutes, la morphine ne faisait plus effet. J’ai donc dû souffrir, le mot est faible, pendant plus de deux heures et 10 minutes avant de voir ma souffrance s’alléger un peu. En fait, je vivais aux deux heures. Deux heures où je recevais de la morphine et deux heures où deux tylenols étaient nettement insuffisants…
En plus de ma douleur, un nouveau facteur entrait dans ma vie et je ne parle pas du gars qui livre le courrier, mais plutôt de M. Malcom… Je partageais sa chambre avec lui depuis six heures et j’ai vite compris que mon séjour à St-Mary’s ressemblerait plus à un week-end à Saints-Martyrs-des-Damnés. Je m’explique… M. Malcom a 70 ans, un pacemaker (cœur tout neuf version 2.0), a subi cinq opérations et détient un côlon qui ne fonctionne malheureusement plus. Le monsieur est tellement mal pris qu’il fait son numéro un et son deux à part de son corps. Et cette nuit-là, M. Malcom a occupé pas mal le temps des infirmières et médecins, car sa santé n’est pas forte. Disons qu’entre mes douleurs au ventre et mon manque de morphine, M. Malcom et ses odeurs nauséabondes n’avaient à ce moment-là pas de place dans ma vie. Bref, j’étais dans la merde, mais pas autant que lui. Donc je compatie énormément avec cet homme souffrant que j’ai appris à découvrir.
Le soir même, le Dr Chow, venait m’annoncer que je faisais une pancréatite, soit une inflammation du pancréas causée à 90 % du temps par l’alcool. Pour quelqu’un qui ne boit pas, mais vraiment pas, j’ai ainsi jugé cette réponse insatisfaisante et j’ai donc mis en doute ses capacités de me traiter. Comme il me prescrivait ma morphine, tel un toxicomane qui trouve que ça dose coûte trop cher, j’ai ne lui ai rien dit. 🙂 C’était quand même très ironique, pour ceux qui me connaissent, que mon problème soit relié à l’alcool puisque je fuis cet élixir du plaisir depuis ma jeune enfance, malgré le fait que je sois portugais.
Donc, en sachant que l’alcool n’était pas la cause, la course à l’explication logique a ainsi débuté. J’ai donc passé la fin de semaine à l’hôpital et 48 après mon admission, il y a une infirmière, une vraie, qui a vite compris que la morphine qu’on me prescrivait ne tenait pas compte de mon corps d’athlète et décida de me prescrire ce havre de paix temporaire aux deux heures. Entre temps, je devais suivre un traitement afin d’amorcer ma voie vers la guérison. Or, aucun liquide ni solide ne devait entrer dans mon système, alors un long jeûne, déjà amorcé depuis mercredi, devait se poursuivre.
PARTIE 3
Lundi, le troupeau débarque à l’hôpital. Le staff de la semaine commence son quart et croyez-moi, les murs shakent tellement il y a de monde et de bruit dans les corridors. C’est en fait un véritable contraste avec la fin de semaine, où c’est plus tranquille. Donc, en ce beau lundi matin où le vilain Gildor Roy, alias Chewbaka, passe tout droit aux douanes et que le JdeM le propulse au rang des vedettes super méchantes, au même niveau que Hally Berry, mes douleurs s’estompent peu à peu. Je commence enfin à avoir un répit entre la douleur causée par l’infection et celle causé par mes nuits blanches aux côtés de M. Malcom. Le pauvre passe ses journées à essayer de dormir et à devoir dealer avec les infirmières et les médecins qui le réveillent aux cinq minutes. Lundi en soirée, mes besoins de toxicomane disparaissent complètement et je n’ai plus besoin de ma dose afin de mieux vivre mes jours. Cependant, une douleur est là, toujours constante, celle de mon estomac qui hurle pour une soupe… Elle provoque ainsi une situation tout à fait invraisemblable. Maintenant, cœurs sensibles, veuillez s’il vous plaît sauter ces quelques lignes… Ça va comme suit : comme je ne peux boire et manger, mon estomac crie famine. Et comme il ne reçoit pas de nourriture, il me torture pendant de longues périodes. C’est là que M. Malcom vient faire son entrée en jeu. Les infirmières doivent changer les sacs de rétention de ses numéros un et deux quatre fois par jour. Chaque fois qu’il y a un changement, c’est la même chose. Les odeurs de vapeur de m#?*de stimulent mon estomac et je me retrouve donc à souffrir.
Bref, les journées passent… Mardi je passe un dernier test IRM (imagerie par résonnance magnétique) et c’est là que j’ai compris que malgré la technologie allemande, ces appareils n’étaient pas adaptés pour l’Amérique du Nord. En fait, l’espace est assez restreint que l’infirmière ne savait pas si j’allais fitter dans l’aimant. À 1.4 M$ l’appareil, pourquoi ne pas faire un one size fits all bordel !
Je suis donc là, à vous écrire ces lignes, n’ayant toujours rien mis dans ma bouche sans trop comprendre ce qui a bien pu causer cette infection, assis sur mon lit d’hôpital à côté de mon chum Malcom. La vie vient de me faire une belle leçon. Celle de la fragilité du corps humain, moi qui me croyais invincible et qui de surcroît, jouais cinq jours par semaine au hockey sur glace. Je viens de comprendre beaucoup de choses sur la vie, sur le fait que nous savons dès le jour un que nous allons mourir et que c’est à nous de choisir le chemin pour nous y rendre. Le fait d’avoir été assis aux côtés de M. Malcom m’a fait comprendre beaucoup de choses. Un peu comme dans l’annonce de liberté 55… J’ai compris que je devrais faire pas mal d’efforts pour ne pas me retrouver à sa place dans 30 ans, assis à côté d’un petit jeune, qui se vante d’avoir un slap shot plus vite que celui de Bergeron.
Pour ce qui est de perdre 20 livres en 7 jours, vous connaissez maintenant la marche à suivre. Mais, on ne vous le dira jamais dans le Femme+…

One Response to “Comment perdre 20 livres en 7 jours”

  1. Hai Au says:

    http://www.youtube.com/watch?v=cKCM71QM4rk#

    J'espère que ça te mettra un peu de joie dans ta journée! Après cette épreuve, tu seras encore plus fort, et t'auras hérité d'un corps de dieu portugais.

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